Octobre 2017 : Après que des journalistes révèlent des accusations de harcèlement sexuel et de viol contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein, le mouvement Me Too prend forme et délie la parole. Cette révélation a conduit à une vague de témoignages de la part d'actrices et de femmes travaillant dans l'industrie cinématographique, qui ont partagé leurs propres expériences de harcèlement et d'abus sexuels sous le hashtag #MeToo. Le mouvement a ainsi marqué un tournant dans la prise de conscience et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l'industrie du cinéma.
Tout ceci a donc révélé une nécessité urgente de réformer le secteur de l'audiovisuel. Dans ce contexte, les coordinateur.ice.s d'intimité et les référent.e.s VHMSS jouent un rôle crucial dans les productions audiovisuelles modernes.
Les scènes d'intimité, qui impliquent souvent de la nudité ou des actes sexuels simulés, ont toujours été délicates à gérer. Cependant, leur traitement a souvent manqué de structure, laissant les interprètes exposés à des situations inconfortables, voire abusives. C'est par exemple le cas de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans le tournage de “La vie d'Adèle" réalisé par Abdellatif Kechiche.
La coordination d'intimité a été institutionnalisée pour répondre à ces problèmes, avec un objectif double : assurer la sécurité des interprètes tout en respectant la vision artistique des réalisateur.ice.s.
Le mouvement "MeToo" a accéléré la prise de conscience de l'importance de cette fonction. La médiatisation des abus dans l'industrie cinématographique, à l'instar du cas Harvey Weinstein, a mené à une demande accrue de protection et de respect du consentement sur les plateaux. En France, ce mouvement a été suivi de l'instauration de mesures spécifiques, notamment l'obligation pour les productions de nommer des référent.e.s VHMSS, ainsi que le développement de la coordination d'intimité.
Les missions essentielles des coordinateurs et référent.e.s VHSS
Le rôle des coordinateur.ice.s d'intimité et des référent.e.s VHMSS ne se limite pas à une simple supervision. Ils sont intégrés à chaque étape du processus de production, de la préparation au montage, en passant par le tournage. Leur mission commence par une identification minutieuse des scènes à risque, en collaboration avec les acteur.ice.s, réalisateur.ice.s et producteur.ice.s, pour établir des protocoles clairs et consensuels. Lors du tournage, ils/elles veillent au respect des accords passés et à la sécurité des interprètes, intervenant en cas de déviation. Enfin, ils/elles assurent un suivi post-tournage pour garantir que les images montées respectent les engagements initiaux.
Ces professionnel.le.s agissent comme un pont entre la nécessité de créer des œuvres authentiques et l'impératif de protéger les personnes impliquées dans ces créations.
Un métier en structuration et en croissance
En France, bien que la coordination d'intimité soit encore en développement, elle est de plus en plus reconnue comme une profession à part entière. La CPNEF de l’audiovisuel a récemment soutenu la création d'une certification professionnelle pour les coordinateur.ice.s d'intimité, prévue pour 2024, soulignant l'importance croissante de cette fonction dans le paysage audiovisuel.
De même pour les référent.e VHMSS qui a évolué significativement, notamment avec le soutien du CNC qui a renforcé ce rôle en imposant des formations et des protocoles, garantissant ainsi un environnement de travail plus sûr et respectueux.
Cependant, le déploiement généralisé de cette fonction rencontre encore des obstacles, notamment en termes de coûts et de méconnaissance du métier. Les petites productions, en particulier, peuvent hésiter à engager un.e coordinateur.ice d'intimité en raison de contraintes budgétaires, malgré les bénéfices évidents en termes de sécurité et de qualité artistique.
Les coordinateur.ice.s d'intimité et les référent.e.s VHMSS sont devenus indispensables dans l'industrie audiovisuelle pour garantir un environnement de travail sûr et respectueux. Leur rôle va bien au-delà de la simple prévention des abus ; ils/elles permettent d'instaurer un climat de confiance et de collaboration, essentiel pour la création artistique. La reconnaissance et le développement de ces métiers sont des étapes cruciales pour une industrie qui se veut à la fois innovante et éthique.