Nous avons pu interviewer le directeur de la création et du développement de Outsideur, voici ce qu'il nous a répondu !
Présentez-vous en quelques mots. Quel est votre parcours, que faites-vous aujourd’hui ?
Je m'appelle Alex Darmon, je suis producteur et journaliste. Aujourd'hui, je dirige une société de production dans laquelle je suis associé avec Matthieu Mares-Savelli. Nous nous sommes rencontrés en 2016 à la veille des élections présidentielles. Lui était réalisateur et venait du digital, moi du linéaire. Nous avons eu envie de faire un projet différent et avons donc monté une chaîne politique qui s'appelait Les Indécis où on interviewait les candidats à l'élection présidentielle. C'était notre premier projet ensemble, mais certainement pas le dernier car nous avions vraiment eu un petit crush professionnel ! Notre collaboration ne s'est pas faite tout de suite, parce que j'ai travaillé sur Au Tableau !!! sur C8 avec Melissa Theuriau et Caroline Delage notamment. Deux ans après, Caroline Delage m'a proposé l'écriture d'un documentaire et j'ai accepté. Je lui ai demandé si je pouvais travailler avec le réalisateur de mon choix, elle a accepté. C’est à ce moment que nous avons réellement commencé à développer ensemble cette aventure professionnelle. J'ai ensuite pris la direction des flux de ce qu'allait devenir Outsideur.
- Pouvez-vous nous parler de Outsideur ?
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Outsideur c'est une société de production qui est à la frontière entre le digital et le linéaire. Ce qui représente la rencontre entre Matthieu et moi. Lui vient du digital et a travaillé sur plusieurs chaînes aux millions d'abonnés. Moi, je crois savoir écrire et développer des projets. Nous aimons développer des programmes qui racontent la vie de nos concitoyens et des Français dans leur globalité. C'est pour ça qu'on fait des documentaires sociétaux comme celui sur la maternité pour Téva par exemple. Nous avons aussi produit un documentaire sur la maltraitance des soignants envers leurs patients qui va être diffusé le 3 décembre prochain sur Public Sénat. Donc pour répondre brièvement, les valeurs d'Outsideur c'est tout d‘abord de se dire que tout projet est faisable s'il nous plaît et s'il nous parle. Il n'y a pas de forme que l'on valorise plus qu'une autre. Nous faisons du documentaire, du flux et de la fiction.
- Quelles sont les missions principales d’un.e producteur.trice ?
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Je ne pense pas qu'il y ait une définition en tant que tel pour le métier de producteur, car les missions dépendent en réalité énormément de la structure dans laquelle tu es. Pour moi c'est quelqu'un qui ne lâche jamais quand il entreprend un projet. Il va peut-être même y croire plus que l’auteur.e à certains moments. Et bien sûr, derrière, c'est trouver les modes de financement, vendre à un diffuseur parce qu'il y croit justement, et réussir à convaincre. Il va faire en sorte que le projet se fasse de la meilleure manière possible. Ça peut prendre des années. C’est aussi un manager, car il gère toute une équipe. J’ai la chance de faire un métier qui est formidable ! Pour conclure, je dirai que le métier de producteur est de faire des paris tout le temps.
- Qu’est ce qui fait un.e bon.ne producteur.ice selon vous ?
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J’essaie de réfléchir aux bons producteurs avec qui j'ai travaillé… Selon moi, un bon producteur c'est quelqu'un qui fait preuve d’abnégation. C’est aussi un métier où l’on a toujours quelque chose à faire, ça doit donc être quelqu'un qui n'est pas rapidement dépassé par le stress de l’urgence. C’est aussi quelqu’un qui n’a jamais fini de croire en son projet. Et finalement, qui sait anticiper ce que le marché va vouloir à un moment donné. En conclusion, voici les trois qualités que je lui attribuerai : qualité d’anticipation, gestion du stress et résilience.
- Comment voyez-vous évoluer votre métier sur le long terme ? Quels sont les grands enjeux actuels ?
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Aujourd'hui quand on produit, à mon sens en tout cas, ça n'est pas uniquement pour le linéaire ou le digital. Quand je réussis à produire un programme, je me mets dans la tête qu'il faut que celui-ci puisse être décliné en plusieurs formats. Premièrement car cela peut permettre de multiplier les sources de financements . Deuxièmement, parce que je ne veux pas toucher les mêmes publics, le but d'un projet étant d’en toucher le maximum. Aujourd'hui, c’est la grande mutation à laquelle on doit faire face. De plus, un des autres enjeux majeurs c’est de comprendre comment créer du contenu pour différents canaux et comment faire la transition entre les stars du web et le linéaire.
- Comment se positionne Outsideur dans le secteur audiovisuel ?
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Chez Outsideur, nous favorisons la création, car nous n’avons pas encore les moyens de faire de l’adaptation. Nous venons par exemple de créer deux formats: le premier autour de l'humour qui s'appelle "Scène très ouverte". Le deuxième est une sorte de divertissement qui va faire référence aux 18 ans d'une personnalité par épisode. Nous souhaitons aussi faire de la coproduction, car nous apprécions travailler avec les autres. Par exemple pour “Au Coiffeur”, nous avons collaboré avec Melissa Theuriau et 416 prod. Pour nous, la coproduction est un atout et une richesse. Surtout quand il est fait avec les belles boites, et c’est le cas avec 416 Prod.
- Pourquoi ce souhait de coproduire ?
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Personnellement, j'ai travaillé avec beaucoup de monde différent et j’adore l’esprit d’équipe sur les tournages. En plus, j’ai fait 25 ans de rugby donc le collectif je connais.. Nous avons aussi fait ce choix avec Matthieu car nous avons conscience des atouts mais aussi des points d’amélioration d‘Outsideur.
- Nous voyons sur votre catalogue Outsideur que vous travaillez à la fois sur des formats linéaires mais aussi sur le digital : quel lien faites-vous entre ces deux secteurs ?
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Alors, premièrement, il y a ce lien au digital entre Matthieu et moi. En plus de cette rencontre physique du linéaire et du digital, que l’on représente, nous connaissons beaucoup de créateurs de contenus, et nous avons conscience du pont que l’on peut créer. Il faut moderniser et entretenir ce nouveau modèle. Aujourd'hui, je crois que YouTube marche, mais pas comme avant, c'est Twitch qui est en train de prendre le dessus. Les diffuseurs commencent à comprendre qu'ils doivent être plus massivement présents sur le digital. Notre force c'est que nous savons comment travailler sur le digital et créer un lien entre ce monde et celui du linéaire. Là est finalement tout l'enjeu : comment le web peut-il dépendre du linéaire et le linéaire du web, comment l'un peut appeler l'autre ? Je suis convaincu que c’est de cette manière que l’on arrivera à fédérer et à rassembler au maximum les différentes audiences.
- Vous avez produit “Au coiffeur” avec 416 Prod, pourriez-vous nous présenter le programme en quelques mots ?
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C'est une pastille quotidienne qui est diffusée dans Clique sur Canal+. Laure Granjon, la réalisatrice, va à la rencontre de plusieurs salons de coiffure du pays pour avoir différentes visions de la société française. Ce programme permet de montrer que selon la région les avis vont diverger sur plusieurs sujets d’actualité. Finalement, nous allons tous chez le coiffeur, et quand tu es dans son fauteuil, tu es comme à la maison.
- Comment voyez-vous évoluer le secteur audiovisuel ?
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Sincèrement, je ne sais pas, et c'est aussi ça qui est beau dans notre métier ! Qui aurait pu prédire que Laurent Ruquier terminerait sur BFM TV en cette rentrée ? Personne. Donc c'est aussi ça qui est fabuleux. Et c'est pour ça que quand des gens me disent que la télé va mourir, moi ça me fait rire parce que personne n'est capable de prédire que la télé va mourir. Il restera toujours un fan du 20h, des finales de Ligue des champions en direct à la télévision. Normalement, il y aura toujours un débat entre les deux tours. Nous aurons toujours des grands moments qui réuniront les Français devant la télévision. J'espère aussi que la création française prendra plus de place dans notre pays et à l'étranger. Mais pour ça, il faudrait qu'on y croit. je pense honnêtement que l'on a quelque chose à apporter, nous, les créateurs et les producteurs français. Mais bon… la vérité c’est que si je pouvais prédire l’avenir de l’audiovisuel… j’aurai déjà beaucoup d'argent (rire).
- Quel format auriez-vous aimé produire ?
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Il y en a plein..et ça change très souvent. Avec le recul en série j’aurai adoré produire H sur Canal+ . Je pense que je regarde ce programme dès que j’ai besoin de rire… Et en flux :Le supplément sur Canal + aussi… faut pas y voir de signe hein (rire)
- Quel conseil donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent devenir producteur.ice ?
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Je commencerai par ne jamais dire que c'est trop dur, car tous les métiers sont durs ! Ensuite, je conseillerai de bien s'entourer, des bonnes personnes au bon endroit et finalement de faire des stages. J’ai des souvenirs de mon début de carrière, je ne savais même pas que j'allais être producteur ! Mais, tout ceci m’a permis de comprendre que tout est possible lorsqu'on le veut vraiment.