La Fabrique des Formats reçoit Sébastien Perron, directeur des partenariats de YouTube France.
YouTube c’est avant tout une plateforme technique d’ingénieur, qui permet de visionner créer et partager de vidéos. Quelques chiffres parlants : 1milliard de visiteurs par mois ; 31 millions en France. 400h de vidéos uploadées chaque minute.
Avant on observait une consommation passive et mono-écran, on est passé à consommation active multiplateforme. Des contenus étrangers visionnables en local et inversement. Ce faisant, cela signifie la capacité à atteindre n’importe quelle communauté francophone.
Dans le même temps, on a évolué vers une logique de chaînes. YouTube donne les outils pour avoir la possibilité d’éditorialiser les contenus. Son ambition est de proposer le bon contenu à chaque individu. Ainsi, chacun a sa propre homepage, en fonction des vidéos qu’il a visionnés et des chaînes auxquelles il est abonné.
On compte en France 47 millionnaires, c’est à dire 47 chaînes qui cumulent au moins 1 million d’abonnés. Seule l’Angleterre a plus de millionnaires, ce qui témoigne d’une vraie créativité française. De nouvelles formes de narration ont émergé. La programmation reste un des règles importante sur YouTube.
Concernant les chaînes très populaires : Comment ça émerge ? Est-ce que ça dure ?
La plupart du temps le succès n’arrive pas du jour au lendemain (Rémi Gaillard, Cyprien, Norman sont là depuis plus de 5 ans) parfois même, ils commencent à créer une deuxième chaîne car ils n’ont pas qu’un seul centre d’intérêt et on voit un transfert de leur fanbase sur les nouveaux contenus.
L’exemple de Touche Pas à Mon Poste présent sur la chaîne D8 sans avoir sa propre chaîne. Quelle stratégie adopter : une chaîne de chaîne vs chaînes programme ?
Être abonné à la chaîne signifie être notifié quand il y a de nouvelles vidéos. En général, la chaîne diffuseur sert de hub pour les chaînes programmes.
Wizz tracker : toutes les infos sur les chaînes youtube.
Aujourd’hui, on constate une logique globale cf clip Adele (déjà 400 millions de vues)
Ce phénomène permet la création de marques. Quand les Youtubers deviennent eux-mêmes des marques. Ex : les mean tweets de Jimmy Fallon. Dans ce cas, la plateforme permet aux marques d’être connues en France et joue véritablement le rôle de créateur de notoriété
Il y a un vrai repérage de talents sur YouTube avec pour les diffuseurs une mise à l’antenne quand cela fait sens, tout en entretenant sa propre image sur YouTube. En jeu aussi : le rajeunissement de l’image.
En France, il existe tous types de formats. Quelques exemples : On n’est pas couché, Nouvelle Star, Plus belle la vie. Pour le cas de On n’est pas couché : les équipes retravaillent l’émission, font des tops et éditorialisent les chaînes YouTube. Plus belle la vie met en ligne les épisodes en intégralité sur YouTube : une diffusion complémentaire avec Pluzz pour une stratégie affichée d’omniprésence.
D’ailleurs, les acteurs qui utilisent YouTube travaillent également sur d’autres plateformes, font du merchandising, s’associent à des marques afin de trouver d’autres sources de financement.
Exemple à retenir : Les dissociés : un long métrage produit par Golden Moustache, qui sort ce soir sur YouTube à 18h. Aujourd’hui on va vers des formats plus longs. On n’est plus uniquement focalisé sur un format très court. Golden Moustache a organisé quelques avant-premières en salle pour faire découvrir le film à leurs communautés. A l’image un résultat bluffant pour des moyens qui ne sont pas ceux de la télévision. Cette expérience reste une exception mais aussi projet expérimental qui témoigne d’une tendance. Pour les créatifs, passer à des formats plus longs, c’est un double saut : Un saut financier et un saut d’écriture.
Sur Youtube, les publication de vidéos ont lieu à heure précise mais il n’en est pas de même pour la consommation même si les 24 premières heures sont critiques. Les utilisateurs en réalité ne se connectent pas pile à l’heure. L’indication horaire a finalement le sens de « à partir de ». L’objectif pour la plateforme est de trouver le bon rythme pour que les usagers ne croulent pas sous les notifications.
La gestion des droits & les MCN
Il y a des outils pour protéger les droits des vidéos.
Parfois la meilleure stratégie serait de laisser les autres publier votre vidéo pour observer les usages. Et monétiser via la publicité. Ça devient du marketing monétisé. Ainsi, plutôt que de bloquer les contenus, cela développe une stratégie de visibilité des contenus des ayant droits.
Les MCN (Multi Channel Network) agrègent des chaînes YouTube et s’occupent de la gestion des droits. Certains sont associés à des régies publicitaires. Un outil recommandé quand c’est compliqué, notamment pour des non professionnels ou des petites structures. Ex : Endemol Beyond qui a lancé récemment Icon. Les MCN ont leurs spécificités, ils se répartissent en fonction des chaînes et des types de contenus que vous gérez.
Quoi de neuf chez Youtube ?
- Lancement aux US de YouTube Red
Les utilisateurs demandaient d’avoir plus de fonctionnalités sur YouTube par exemple : un accès à des contenus offline, la possibilité de supprimer la publicité, l’accessibilité du background. En réponse à cela Google lance YouTube Red sur la base d’un abonnement à 9,99$. Se rapprochant ainsi des usages musicaux. Le offline concurrence Napster. Sur la musique le background est un avantage. La première problématique de youtube aujourd’hui c’est la musique.
Quant aux auteurs, le système hybride leur permet d’avoir des revenus de façon incrémentale (pub+abonnement).
Un studio pour accueillir tous les créateurs avec à disposition un studio fond vert et des décors naturels. Les créateurs peuvent venir se rencontrer et échanger. Il y a également des cours sur l’organisation des chaînes YouTube, et les stratégies de visibilité.
La condition indispensable : avoir 1000 abonnés sur sa chaine YouTube. Il n’y a pas de curation, tout le monde est libre de venir.
- Lancement le 5 novembre de google play TV
Plateforme de télévision avec des séries françaises et US présentes sur le store. Et une équipe dédiée à Londres qui s’occupe des acquisitions. Existait déjà une partie film et jeunesse.
Des contenus accessibles depuis YouTube.
La séance se termine par plusieurs questions autour de la technologie 360. Mais aussi l’avenir de YouTube. La plateforme a-t-elle vocation à devenir elle-même créatrice de contenus ? Sébastien Perron pense qu’il ne s’agit pas d’un projet à moyen terme pour la simple raison que ce n’est pas le métier de YouTube.