Rencontre avec Sophie Kuno, directrice des partenariats et de la communication de Touscoprod
BIO
Diplômée de l’IEP Paris en 2001, Sophie Kuno débute sa carrière au sein de la société Dallorso Conseils, bureau d’achat import-export franco-japonais. En 2004, elle rejoint la rédaction du Monde.fr en tant que chargée de projets multimédia et rédactrice pigiste presse web.
En janvier 2008, après un passage au service communication de la galerie W, elle devient chargée de production pour les sociétés 3B Productions, Kissman Productions et Fisheye Films. De 2010 à 2014, Sophie Kuno est planneur stratégique chez Longtail Value. En janvier 2014, elle rejoint Touscoprod, elle est aujourd’hui Directrice des partenariats et du recrutement des projets.
TEMPS FORTS
- Touscoprod, c’est une plateforme professionnelle de financement participatif spécialisé des les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel. C’est 600 films aidés, 300 films terminés et diffusés, une levée moyenne de 8000€ et un taux de réussite des campagnes de 80%.
- Le financement participatif permet de créer une communauté de fans qui ont un lien affectif avec le projet, de recruter une audience qualifiée.
- Le crowdfunding est un dispositif réactif pour tester des contenus et avoir un retour du public quasi en temps réel.
REFERENCES
L’ESSENTIEL
Sophie Kuno nous rappelle que le financement participatif s’inscrit pleinement dans une tendance de société. L’économie collaborative est un mouvement de fond, une évolution majeure des mentalités et des pratiques qui pose la question de la désintermédiation et donc du rapport entre le contenu et l’usager. Loin de l’économie mass média, le participatif revendique une économie d’archipel.
Au départ, le crowdfunding concernait surtout de petits montants. Le web et les réseaux sociaux ont permis une grande viralisation des campagnes et la démocratisation du paiement en ligne fait décoller le financement participatif pour de bon. Il en existe trois types : le don (avec récompenses et contreparties), le prêt et l’investissement au capital (avec des IP à la clé). A ces débuts, Touscoprod proposait des investissements dans les films. Le fort capital risque de l’économie du cinéma a fait beaucoup de déçus. Avec en moyenne 1 film sur 10 qui marche, l’investissement était rarement payant. La plateforme se recentre alors sur le don et intègre l’altruisme dans son business plan. Le love money gagne en puissance. Si bien que, selon les projections de Forbes, en 2020, la France collecterait 6 milliards d’euros par le financement participatif.
Touscoprod nait en 2009. Et décolle en 2012-2013, au moment où les plateformes se font connaître du grand public. Documentaire, fiction, websérie, jeu ou encore programmes de flux, tous les genres sont permis. Et aucune sélection à l’entrée. Sur le modèle du « tout ou rien », le porteur de projet s’engage à rembourser les contributeurs si l’objectif n’est pas atteint. Un gage de transparence et d’éthique pour la plateforme. Depuis, 600 films ont vu le jour avec une levée moyenne de 8000€ et un taux de réussite de 80%. Touscoprod a l’avantage d’être une plateforme professionnelle qui lui confère une audience qualifiée, déjà sensible au secteur de l’audiovisuel et du cinéma.
Ainsi, au-delà du relai de financement, le crowdfunding est aussi utile dans le recrutement de l’audience, par l’accès privilégié qu’il donne au public, un argument auquel les diffuseurs seraient sensibles. Une communauté ciblée qui entretient un lien affectif avec l’œuvre et souhaite suivre son parcours. Jouer la carte du participatif, c’est aussi une stratégie de communication efficace et valorisante.
Lancer un projet sur Touscoprod signifie réellement être en campagne pour toucher de nouvelles personnes et agrandir ses cercles d’influence. Pour cela, il faut penser sa présence en ligne et se concentrer sur la création de contenus adaptés. Chaque projet est illustré par une vidéo de présentation (1min30 max) avec un discours préparé qui fait mouche.
Touscoprod est un acteur du financement de la production, il propose un dispositif souple et réactif qui permet de tester des choses, de montrer des contenus à un public averti. Cela impacte aussi l’écriture en stimulant la créativité. Mais finalement, la vraie bataille n’est-elle pas celle de la diffusion ? En ce sens, chaque contributeur au projet est un ambassadeur potentiel qui peut diffuser le film. Exemple : En quête de sens, produit sans subvention et hors des circuits traditionnels, le documentaire est auto-produit par l’association Kame Meah, il a dépassé les 100 000 entrées en salle.