L’objectif de cette session est d’articuler technologies et contenus. Elle se construit autour de trois grands thèmes :
- Le cloud computing
- Le big data
- La mobilité
Tous les trois ont une implication dans la conception de produits.
Il s’agit d’une répartition de données sur plusieurs machines et dans plusieurs lieux. On peut considérer ce phénomène comme un retour en arrière, précisément à une époque où il existait d’importants centres de calcul. Durant cette période, l’arrivée du micro-ordinateur est vécu comme une révolution car il offre une puissance de calcul individuelle, suffisante et contrôlée sur l’ensemble des données. Le centre de calcul n’était plus nécessaire. Cela témoignait de la volonté de se rapprocher de l’utilisateur. La tendance d’aujourd’hui serait un lieu chargé de centraliser les données, ce qui permet de ne pas surcharger les machines et de protéger ses données. Des données que nous ne savons pourtant pas localiser. Voilà tout l’univers du cloud. C’est aussi un modèle écologique car on n’utilise que la puissance de calcul dont on a effectivement besoin. Aujourd’hui pas de Google sans cloud. Cet exemple illustre un des mécanismes de l’innovation. Les moteurs de recherches ne pouvaient pas utiliser les technologies existantes alors ils ont mis au point le cloud. C’est le besoin qui crée l’innovation. On voit assez bien quels peuvent être les usages et ses applications au secteur de la production. La technologie établit un lien entre le cloud et l’utilisateur. A l’aide d’une ligne haut débit, il est tout à fait possible de transférer des rushs de tournage dans le cloud et surtout d’y avoir accès tout le temps et ce quelque soit l’endroit où l’on se situe. Des collaborateurs qui ne sont pas dans les mêmes lieux peuvent accéder à la même matière simultanément et ainsi discuter d’un projet commun et collaborer. Cela permet de faire de la production coopérative. Le Cloud serait également une piste dans la conservation et la protection des archives, un sujet sur lequel les producteurs et les diffuseurs s’interrogent. Il permettait de dématérialiser et d’archiver les éléments. Une partie de la post-production peut être réalisable grâce au cloud notamment les travaux de laboratoire (copie de PAD, transcodage…). Le manque de moyens oblige à s’intéresser à ces solutions.
Il recueille des quantités très importantes d’informations grâce entre autres à l’observation et la prise en compte des réseaux sociaux. Il n’analyse pas les conversations collectives mais les échanges privés entre les utilisateurs. Plus que l’avis des fans d’un programme, grâce au big data, on peut savoir pourquoi certains ne regardent pas le programme et connaître l’avis de ceux qui n’ont pas vu l’émission. En ce sens, le big data va beaucoup plus loin que les mesures de social TV que nous connaissons jusqu’à présent. Il procède à une analyse quantitative et qualitative des données. Une connaissance démultipliée qui peut être une source d’inspiration éditoriale. On peut alors imaginer corriger une baisse d’audience en temps réel, modifier les scénarios d’une émission ou d’un débat télévisé par exemple. Des outils qui s’ils sont commercialisés à un prix abordable pour les producteurs s’avéreraient utiles dans la création de formats afin par exemple d’être plus en phase avec les attentes des téléspectateurs. Le big data peut alimenter le domaine de l’écriture agile et s’adapter à chaque changement, à chaque évènement.
On entend essentiellement par mobilité la 4G et la 5G qui sont actuellement en développement. Sylvain Anichini nous annonce que la 4G sera un vrai changement, une vraie évolution par rapport à la 3G. En effet, il n’y aura plus de distinguo entre les contenus transportés. Jusqu’à présent la voix était optimisée car la 3G était avant tout utilisée pour les téléphones portables, puis la priorité était donnée aux sms, et enfin la connexion internet. Avec la 4G, tout se transporte peu importe le contenu, car tout est data. La 4G devrait également devenir le réseau le plus développé sur le plan territorial, plus que le broadcast et couvrir quasiment toute la France. Sylvain Anichini nous présente la technologie CMBMS qui est la partie broadcast de la 4G. Elle permet de diffuser un contenu à un ensemble de personnes simultanément. Jusqu’à présent il y avait un lien individuel, on se connectait à une application pour accéder au contenu, la 4G permet de diffuser un contenu à tous. On comprend alors qu’elle remette en question le partage entre télécom et broadcast. Dans ce nouvel univers, que vont devenir les fréquences broadcast, c'est-à-dire quel sera leur usage dans le futur ? Il existe aujourd’hui des technologies plus adaptées et moins chères. Ainsi pourquoi la radio utilise-t-elle la même technologie que la télévision pour transporter uniquement du son ? Autrement dit est-ce qu’on utilise les bonnes fréquences pour faire les bonnes choses ? En outre, introduire la mobilité dans la conception du produit est un des défis de demain. Cela implique de prendre en compte le terminal et la situation de consommation. Des paramètres à intégrer dans la production. Le succès du podcast par exemple est en partie dû au fait que la durée du programme correspond au temps moyen de transport d’un utilisateur pour se rendre sur son lieu de travail. Le deuxième écran est de plus un champ d’innovation en termes de technologie mais aussi de contenus. Il s’applique très bien par exemple au spectacle vivant. A travers ces trois évolutions technologiques, le cloud computing, le big data et la mobilité, on entrevoit de nouvelles possibilités pour la conception des produits, de nouvelles perspectives concernant les programmes, leurs moyens de toucher un public à travers les outils de diffusions mais aussi leur capacité à s’adapter quasiment en conditions réelles aux attentes du téléspectateur dont on scrute aujourd’hui très attentivement le comportement.