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À l’origine de YouBLive Création de la société Florent Peiffer explique la création de YouBLive comme le résultat de 2 souhaits :
- Son envie de concevoir des programmes digitaux pour les différentes chaînes dans lesquelles il a travaillé (alors même que ces dernières commençaient déjà à bien développer leurs réseaux numériques)
- Son désir de mettre à profit le processus organisationnel informel et très réglé des rédactions news pour proposer des directs délocalisés en simultané.
Il explique que c’est de cette manière que lui est venue l’idée de créer un service de « système multiplexe » dédié aux programmes digitaux. Le live permet de réinventer la TV L’avancée technologique a ouvert des perspectives énormes pour manier le direct. Autrefois cantonné aux programmes de flux, le direct voit ses techniques évoluer pour traiter aussi des programmes de fictions et de documentaires. Le direct apparait comme une vraie plus-value pour l’avenir, et permet d’enrichir les différentes perspectives de formats audiovisuels. Florent Peiffer souligne que le direct représente 80% de l’activité de YouBLive. Pour lui, le direct à une plus-value dans 2 cas :
- Quand il s’agit de retranscrire, et faire vivre un évènement (ex : sportif). Ce que fait déjà la télévision linéaire classique.
- Quand celui-ci permet l’interactivité. Ce que la télévision permet moins de faire, à l’inverse des réseau sociaux et du numérique de manière générale.
Maîtriser la technique du live Aujourd’hui tout le monde peut proposer un contenu live simple via les réseaux sociaux. La difficulté est dans la maitrise technique des flux dès que l’on souhaite pouvoir bénéficier d’un dispositif plus complexe. C’est en cela que YouBLive amène une vraie plus-value. Créer une régie, même artisanale, nécessite d’être bien outillé (techniquement, et en logiciels) et d’avoir la connaissance pratique du sujet. Dès lors, il devient possible même d’intégrer, au-delà de la retransmission du flux sonore et video, des habillages dédiés à la création de quiz ou de sondages en ligne. Un format ‘dicté par l’écran’ inspirant Le passage au format vertical a ouvert de nombreuses opportunités souligne Florent Peiffer. Le simple placement du logo et d’un synthé sur un écran d’une autre dimension que le traditionnel 16:9 oblige à une restructuration du contenu qui ouvre de nouvelles portes pour créer des choses innovantes aussi dans le fond. Confinement et opportunités Il faut créer l’évènement pour donner envie de regarder le live. Or, pendant le confinement, beaucoup d’évènements ont été annulés. Florent Peiffer explique que les équipes de YouBLive se sont alors réunies pour trouver des alternatives, et voir comment leurs dispositifs pouvaient être investis d’une autre manière. Tout depuis chez soi : Florent Peiffer note qu’avec cette expérience du confinement, il ressort qu’aujourd’hui, il est tout à fait possible de réaliser un programme uniquement depuis chez soi en activant un système de cloud relié à d’autres logiciels. La qualité est alors surtout facteur des connexions internet environnantes. Il devient possible pour les animateurs et intervenants de se connecter en un clic, et de surtout s’attarder sur le fond de leur programme, pendant que YouBLive gère la réalisation à la manière du processus : « régie / plateau ». En répondant à la demande des producteurs classiques qui ne pouvaient assurer leurs programmes habituels en studio pendant le confinement, YouBLive a finalement été particulièrement sollicité constate Florent Peiffer. Il explique que ce fut par exemple le cas pour réaliser l’émission Show Must Go Homed’Arthur pendant le confinement. Tout s’est fait avec un ordinateur permettant l’intégration d’habillages, et le lancement de vidéos dans le contexte d’une émission de divertissement. Diffusion pour la TV Si Arthur a proposé une émission TV, en réalité accessible sur les réseaux sociaux, exceptionnellement les dirigeants de France TV ont accepté de faire transférer le flux assuré par YouBLive vers leur antenne pour assurer une de leur émission. Florent Peiffer l’affirme, le confinement a fait tomber beaucoup de barrières, que ce soit sur la qualité de l’image (durant la période, il y a eu une réelle compréhension aussi bien de la part des diffuseurs que des téléspectateurs lorsque la qualité de l’image était dégradée) ou sur la capacité à faire les choses à distance. Créer un programme juste à partir d’un ordinateur est devenu possible, et ce, d’autant plus quand il est boosté par de l’interactivité. Néanmoins, Florent Peiffer ne manque pas de rappeler que le « live » demande beaucoup de travail en amont. C’est une matière ingrate qui nécessite de tout penser avant, car on n’est jamais à l’abri d’une faille dans le dispositif technique, comme éditorial. Pour lui, le direct sur le digital donne lieu à une adrénaline particulière par rapport à celle des gros barnums télévisuels, étant donné le côté expérimental. Il note enfin que ce genre de dispositifs ouvre des voies sur le plan pratique comme créatif, en proposant des expériences complémentaires, à l’image de ce qui a été mis place avec Arte, où les spectateurs pouvaient décider des tableaux qu’ils voulaient voir au cours d’une visite de musée en direct ! Questions Sébastien Brunaud /Phare Ouest Production Qu’en est-il de la question financière ? Quel budget pour YouBLive ? Sur la question budgétaire, Florent Peiffer répond qu’il faut voir le service de YouBLive à la manière d’une régie classique qui a besoin d’un réalisateur, d’un chef d’édition, ainsi que d’un coordinateur éditorial, et éventuellement d’un ingénieur du son pour fonctionner. Le prix d’une prestation correspond avant tout au salaire de ces personnes mobilisées et des journalistes sur le terrain. Ce prix a jusqu’à maintenant pu varier entre 2 000 et 10 000€. Pendant le confinement, étant donné la non mobilisation de personnes sur le terrain, les prestations tournaient davantage autour de 3 000 à 4 000€. Ella Cohen/ Newen Comment YouBLive entrevoit la question de la fiction en direct ? Florent Peiffer fait part d’un projet sur lequel il travaille depuis 2 ans avec François Pécheux sur un contenu totalement en direct avec des comédiens où se mêlerait fiction et réalité. L’idée derrière serait d’embarquer les téléspectateurs dans une aventure qui peut changer en fonction de la réalité. Il explique que les diffuseurs qui se sont vus présenter le projet ont craint pour l’instant une prise de risque trop importante. Il complète son propos en rappelant que l’interactivité ne peut qu’enrichir la fiction en la reliant à la réalité, et ce de manière fine, pas juste en laissant l’opportunité aux spectateurs de décider de la suite d’un épisode ou le dénouement d’une enquête, mais en influençant le jeu des comédiens par exemple. Florent Peiffer introduit également d’autres projets de documentaires en direct sur lesquels des réflexions sont en cours : l’idée par exemple de suivre en direct différents acteurs autour d’un évènement dont l’issue n’est pas encore connue (ni des téléspectateurs, ni des producteurs), mais dont on sait que le résultat va être impactant (ex : les élections présidentielles), et qui constitue une sorte de climax dans la narration. Florent Peiffer note que ce genre de contenu viendrait s’additionner à un autre versant du ‘docu en direct’ : le « slowLive » dans le cadre de documentaires animaliers par exemple. Le direct - qui oblige de se réunir à un moment précis - ne va-t-il pas à l’encontre de l’usage des plateformes - symbole de la délinéarisation -, où des réseaux sociaux - utilisés par des consommateurs qui aiment de moins en moins se faire imposer un programme - ? Fiona Bélier note que le confinement a pu à certains égards montrer que « le rituel du live » commence à se mettre en place. Florent Peiffer rappelle qu’au travers de la notion de « rendez-vous », la force du live sur les réseaux sociaux c’est aussi et surtout l’interactivité. Il souligne que les lives de Mac Fly et Carlito marchent aussi bien parce qu’ils prennent le temps de répondre, et d’interagir en direct avec les internautes.
Virgile Pérez / Producteur indépendant Quel regard portez-vous sur les plateformes du type Easy live ? Florent Peiffer répond que ce sont des plateformes qui marchent bien, mais qui rencontrent pas mal de limites dans le cadre d’une diffusion grand public professionnelle, notamment pour ce qui est de la coordination audio. L’ensemble du dispositif de ces plateformes repose sur le software à la différence de YouBLive qui assure une sécurité (à l’aide de back-up) et une prestation technique derrière.
Sébastien Brunaud / Phare Ouest Production Comment les chaînes traditionnelles perçoivent la qualité du contenu YouBLive ? Pour les chaînes, le seul intérêt, c’est le coût, car elles bénéficient déjà d’outils pour réaliser la même chose. À leur différence, Florent Peiffer souligne que le dispositif YouBLive est plus léger, engage moins de personnes (4 au lieu de 20) et est donc plus accessible en termes de prix. Il permet de se passer de la location d’un camion AMP.
Fiona Bélier / La Fabrique des Formats Avez-vous entrepris des réflexions particulières sur la captation de programmes sportifs ? Florent Peiffer répond que l’avenir de YouBLive dans le sport se joue essentiellement sur la captation de compétions peu télédiffusées. Il précise que l’option YouBLive permet à certaines marques sponsors de compétions sportives comme la voile de proposer un suivi vidéo au travers d’un contenu original, innovant et interactif depuis de simples smartphones. Florent Peiffer conclut son propos en précisant que même s’il s’agit de direct, la finalité de son métier de producteur reste de se poser les bonnes questions pour raconter une histoire : Qu’est-ce qu’on raconte ? Où on va ? Quel est le moment fort ? Fiona bélier clôt la session en rappelant que la prochaine session de veille de la Fabrique des Formats aura lieu le 24 juin prochainen partenariat avec le Cabinet de conseil Think Out. Dans la continuité de nos discussions du jour sur le direct, cette rencontre sera l’occasion de faire un focus sur les « écritures du direct » avec présentation de résultats d’études et retours d’expérience.